Les motivations qui nous poussent à donner le meilleur de nous-même au travail connaissent de bien nombreuses origines : ambition, sens du service public, passion de l’intérêt général, simple mais honorable envie de bien faire. Tout peut s’entendre, du plus individualiste au plus généreux des sentiments.
Mais quel que soit le moteur qui anime la personne (agent du secteur public ou salarié du privé), le rôle du manager, dans le cadre d’une structure hiérarchique et ordonnée, est de donner du sens.
Cela doit se faire avec toutes les qualités requises : bienveillance, empathie, vision, expertise, encouragement… mais surtout cela doit se faire en permettant aux personnes qui travaillent avec nous de le faire avec talent et sincérité, en intégrant leur action à l'intérieur même de l'histoire de la collectivité dans laquelle ils travaillent.
Avant de la rendre captivante, cette histoire doit être élaborée ou mise en valeur, c'est à dire extraite du flux d'informations quotidiennes et mise en relief en tant que discours particulier, "unifiée" dans sa compréhension, puis elle doit ensuite être racontée, autant de fois qu’il est nécessaire, pour embarquer tout le monde vers l’objectif souhaité.
Bien sûr, construire une école, réformer un service ou une administration, construire un projet d’administration nécessite une expertise, une connaissance fine des risques juridiques, des indicateurs de réussite, la passation de marchés ou la mise en place de workflows décisionnels. Mais ce dont on a besoin en priorité, c’est avant tout de l’histoire qui motive l’action.
Et cette histoire n’est pas l’apanage du service de la com’. Elle est l’affaire de tous, et en particulier du pilote, qui devra se débattre avec toutes sortes de difficultés avant l’achèvement de la mission.
Pour le manager, la fierté de la réalisation interviendra sur le tard, entre-temps, dans tous les cas, une histoire aura été écrite et racontée. C’est un levier puissant de motivation et de cohésion.
Deux exemples pour illustrer mon propos.
D’abord l’histoire de la création d’un groupe scolaire, qui doit se faire car l’école qu’il remplace a une histoire compliquée : construite en bordure de route, bétonnée de toutes parts, elle ne satisfait plus aux exigences environnementales et de sécurité que les parents sont en droit d’attendre. Et puis il y a l’histoire de la recherche de la nouvelle implantation, celle du choix de l’architecte et surtout du parti architectural, donc celle du marché public passé, du concours lancé. Et puis il y aura l’histoire du devenir de l’ancienne école.
Qu’en faire ? Un parc, un parking, une résidence ? Autant de projets qui inventent à penser la ville en utilisant la méthode du storytelling, tout à la fois pédagogique et motivante.
Ensuite, l’histoire de l’élaboration d’un budget de direction ou de service : à chaque fois que l’on me demandait ce que je souhaitais y retrouver (en tant que DGS), je répondais : « l’histoire du service », un peu de celle passée et beaucoup de celle à venir, de celle que ses équipes souhaitent construire.
Ce fut, et ce sera toujours, une occasion pour la direction de se projeter dans le futur et d’imaginer un avenir "idéal", s’exonérant pour un moment des contraintes du réel pour distinguer quelle voie suivre, autre celle de la pure gestion du quotidien.
Ce sera aussi la possibilité de donner du sens à des actions individuelles et collectives, car nous l'avons dit au début, la motivation passe avant tout par la perception de l'utilité de notre action, son intégration dans une mission, plus grande que la nôtre, celle du service public et de l'intérêt général.
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